Pour la première fois, un des deux géants du marché de l’art va tenir une vente aux enchères en Chine continentale en solo. Cette ouverture symbolique est prévue le 26 septembre dans la mégalopole de Shanghaï. Avec plus de 3 milliards d’euros d’échanges dans l’année, la Chine est devenue le premier pays de la planète pour le commerce de l’art.
Cette vente inédite montée par Christie’s se profile au moment où, par ailleurs, la société de François Pinault annonce 2,7 milliards d’euros de ventes dans le monde au premier semestre. La hausse de 9 % par rapport à la même période en 2012 est en grande part due à une avancée de 13 % des transactions privées avec les clients les plus fortunés (pour 535 millions) et de 15 % du marché asiatique. Basquiat, Rembrandt, Picasso, diamant… ce sont des clients venus de ce continent qui ont déboursé des sommes records en mai ou juin à Londres et New York.
Ils devront continuer à prendre l’avion, car la licence obtenue fin mars par Christie’s, après un an de tractations, autorise seulement la mise aux enchères de tableaux contemporains, de bijoux et de crus classés, que les Chinois s’arrachent à prix d’or.
François Curiel, envoyé sur place en 2010 pour réussir ce tournant, devra encore patienter pour obtenir une seconde licence qui l’autoriserait à tenir des enchères en toute liberté comme à New York, Londres ou Paris.
Mais le premier pas est franchi, dans un pays dont la croissance, même en baisse, atteint 7 %. Christie’s comme Sotheby’s, qui va fêter le quarantième anniversaire de l’ouverture de son bureau, sont historiquement implantés à Hongkong, qui leur a servi de tête de pont. Sur le continent, Christie’s s’était essayé dès 2005 à nouer une alliance avec une entreprise locale. Sotheby’s quant à elle a tenu sa première vente en septembre avec un partenaire, qui détient 30 % d’une société commune.
Leur entrée sur ce marché a été retardée par les obstacles bureaucratiques, mais aussi les cahots d’un commerce de l’art qui s’est effondré de 40 % après une surchauffe en 2011… Et reste perturbé par des irrégularités majeures dans les paiements, le trafic des antiquités pillées et l’explosion des faux.
Vincent NoceIn Libération du 28 juillet 2013