" /> La vente samedi par Pierre Cornette de Saint-Cyr du Pouce de César, en version lourde (6 mètres de haut, 6 tonnes), pour 1,2 million d’euros, prix jamais atteint pour cet artiste, a surpris son monde ; si bien que les rumeurs de coup bidonné battaient leur plein, que la société de ventes a dûment démenties hier soir, assurant que l’œuvre a bien été adjugée à «un collectionneur étranger». On devrait être vite fixé, puisque le propriétaire de cette œuvre si convoitée aura le plaisir d’apprendre qu’en même temps qu’il signait son chèque, il s’exposait à en répondre devant la police. Une enquête a en effet été ouverte par l’Office central de la lutte contre le trafic des biens culturels (OCBC), suite à la révélation par Libération que la pièce faisait apparemment partie des 200 œuvres disparues de l’héritage du sculpteur.
Le Pouce baladeur, qu’on dit en partance pour le Maroc et qui revenait de Miami, se trouvait au départ chez le marchand Pierre Nahon à Vence. Ce dernier a reconnu l’avoir mis en vente alors même qu’une procédure fiscale l’avait intégré à la succession César, le galeriste n’ayant en rien «justifié être le propriétaire de l’œuvre».
La fille de César, Anna, et sa compagne Stéphanie Busuttil, légatrice du droit moral, avaient contesté la vente de samedi. Curieusement, après avoir songé à retirer le lot, le commissaire-priseur l’a maintenu. Sa responsabilité est donc désormais engagée. Le Trésor public, qui réclame plus de 40 millions d’euros à la succession et avait pris des mesures conservatoires pour se rattraper sur l’héritage, ne doit pas être ravi non plus.
Reste à savoir si la justice a les moyens, un jour, de démêler le sombre imbroglio de la succession, infestée par les détournements d’œuvres et la diffusion de faux, les redressements fiscaux et les déchirements entre héritiers et ayants droit.
Vincent Noce - Libération du 23 octobre 2007