La découverte des 271 œuvres de Picasso chez son ancien électricien est en passe de devenir un feuilleton judiciaire promis à un bel avenir : le parquet de Grasse a en effet décidé d’ouvrir une information judiciaire, pour recel. L’instruction devrait être confiée à l’Office central de lutte contre le trafic des biens culturels, qui avait débarqué il y a un mois à Mouans-Sartoux (Alpes-Maritimes) dans la maison des Le Guennec pour saisir cet ensemble évalué à plus de 60 millions d’euros.
Alertée quand ces derniers avaient demandé des certificats d’authenticité, la famille du peintre avait porté plainte en estimant qu’il avait dû être dérobé dans les années 1970, dans une des maisons de Picasso sur la Côte d’Azur, où l’électricien avait posé des systèmes d’alarme.
Cependant, Pierre Le Guennec, 71 ans, et son épouse Danielle ont continué à protester de leur innocence dans la presse. Publiant son témoignage, Nice Matin a notamment pris la défense du retraité, s’indignant qu’il ait été «jugé avant instruction» et que le couple ait été gardé à vue 48 heures, «comme des voyous».
Indiquant qu’il partageait régulièrement le thé avec l’artiste, Pierre Le Guennec parle de «vieux papiers» donnés «en vrac par le maître et son épouse», «pour débarrasser» la villa Notre-Dame-de Vie de Mougins. Il ne se souvient pas pour autant de la date, quarante ans plus tard. Il a précisé les avoir conservés dans son garage, sans avoir conscience de leur valeur.
Demandant aux magistrats de croire sa «parole», il a confirmé sa décision d’éclaircir le statut de cet ensemble pour ses fils, suite à une opération d’un cancer de la prostate. Il estime désormais «ne plus avoir besoin de certificats d’authenticité, avec toute la publicité» que la famille lui «avait faite». Celle-ci «nous a planté un couteau dans le dos, nous traîne en justice, et nous accuse de vol. Eh bien, il va falloir le prouver» a renchéri son épouse, Danielle, citée par l’agence américaine AP.
Vincent Noce - Libération du 7 décembre 2010