Remous au conseil des ventes. Commissaire du gouvernement près de cette autorité chargée de réguler le marché de l’art, Serge Armand a claqué la porte. Magistrat délégué par le ministère de la Justice, il était en désaccord avec la direction de l’organisme, composé de représentants de la profession et de personnes qualifiées. Remplacé par Michel Seurin, avocat général à la Cour de cassation, Serge Armand est à présent chargé des experts judiciaires au parquet.
Dans un courrier aux sociétés de ventes aux enchères, il estime qu’il ne pouvait poursuivre sa mission, les moyens mis à sa disposition par le conseil lui ayant été «ôtés ou contestés». Organisme hybride, celui-ci souffre de compétences mal définies. L’opposition s’est cristallisée sur le comportement à adopter devant les libertés prises par des professionnels, qui s’irritent de se voir astreint à des règles elles-mêmes pas toujours très bien définies.
Paradoxalement, la direction du conseil préconise la sévérité. Serge Armand, lui, entendait agir «dans le strict respect de la loi», mais avec «souplesse», en privilégiant «la prévention» selon son courrier. Ainsi n’a-t-il pas voulu saisir le parquet du rôle joué par Guy Loudmer, ex-commissaire-priseur condamné pour abus de confiance dans le plus gros succès récent de Drouot, la dispersion du fonds Vérité.
Sur les ventes aux enchères par le Net, source d’inquiétude de la profession, il a rédigé un rapport mi-chèvre mi-chou, les assimilant à du simple courtage.
En jeu : le partage des rôles établi en 2000 à la naissance du conseil. En cas d’écart, celui-ci peut sanctionner les commissaires-priseurs. Mais seul le commissaire du gouvernement peut ouvrir une enquête, voire lancer des poursuites judiciaires. Président du conseil, Christian Giacomotto, un banquier, n’a jamais caché son irritation devant cette cote mal taillée.